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    Pour la
petite Histoire...
          Pour la petite histoire, Albaterra est la contraction de Alba Terra, en latin terre blanche, qui a donné son nom à mon village d'Aubeterre sur Dronne en Chatente. Ce magnifique village médiéval est le berceau de mes ancêtres depuis... un certain temps comme aurait dit Fernand Reynaud, peut-être le XIVème siècle pour certains.
          Virchenaud, c'est mon nom de famille, Jean-Hugues de mon prénom, petit neuveu d'Irène qui tenait le Tabac au pièd du Château. Aussi arrière petit fils de la "Grand-mère VIRCHENAUD", celle chez qui on mangeait léger à l'Hôtel Virchenaud aujourd'hui Hôtel du Périgord.
          Pour la petite histoire, on dit qu'à l'époque, le Prefet de Périgueux déscendait en calèche pour déjeuner chez elle.
          Maxime VIRCHENAUD avait épousé "mamie Yvonne"qui était une OLLIVIER de Nabinaud . Son frère était un gaillard réputé pour sa force, dur au mal et au travail. Pour la petite histoire, pendant la dernière guerre, Nabinaud et Aubeterre étaient à quelque chose près sur la ligne de démarquation. Lors d'un bombardement, un obus est tombé sur le fêtage de la maison, a ricoché et est allé exploser dans le champ devant. Alors ma grand mère a suivi l'exode pour s'installer à Bordeaux. Elle et sa belle-soeur Elise cuisinaient beaucoup, une cuisine simple sur le plan technique, riche en goûts, FR3 dirait une cuisine de terroir, moi je dis : La cuisine. Quand la nécessité se transforme en art, quand le geste est doué, le plat devient subtil. Tout est question de temps et d'ordre, de savoir prendre ce qu'il y a de bon dans chaque ingrédient, l'essentiel finalement, un peu comme le collectif au rugby. Cette tante Elise n'est autre que la mère de Marcelle Ruillier qui a régalé les gens de partout dans son restaurant de Janguilhon à Laprade, entre Aubeterre et Nabinaud. J'ai pu m'apercevoir que cette cuisine de tradition orale s'était transmise intacte dans nos deux lignées car mes cousins comme moi cuisinons pareil. Nous sommes contents quand nous retrouvons le goût dont on se souvient, celui qui caractérise les plats de nos mamies respectives. Pour la petite histoire, la tante Elise avait une expression bien à elle pour qualifier les pâtes Pipe Rigate, celles en forme de coquillage. Elle les appelait des "nouilles couillodes", sans que jamais nous n'ayons élucidé l'éthimologie secrète de ce mot unique. Avec mes cousins, on riait beaucoup rien qu'à l'évocation de ce plat. Chaque fois qu'elle nous demandait ce qu'on voulait manger, on ne ratait pas l'occasion, elle devait trouver notre alimentation monotone. Toujours pour la petite histoire, mon cousin Jean RUILLIER, le mari de Marcelle, est réputé avoir un peu de raideur dans le poignet quand il sert le pineau maison. Au restaurant, il en a désailé plus d'un rien qu'à l'apéro avec sa phrase fêtiche: " ça peut pas faire de mal, dans le pineau, y'a moitié eau".
          Et du côté maternel, dans cet entre-deux-guerres et après la deuxième, mon arrière grand père Lably s'improviseait maître najeur et plongeait du pont d'Aubeterre à chaque Pâques. Le reste du temps, il réparait les pendules du canton dans un cafarnaum qui a fait sa réputation, au delà de sa fantaisie cartésienne. Pour la petite histoire, il avait observé qu'il n'y avait pas d'humidité sur les routes. Alors, il goudronna l'ensemble de sa chambre, du sol au plafond. Il était déjà voeuf, heureusement dans un sens pour feu mon arrière grand-mère. Il n'avait pas que ces qualités d'observateur avisé, il était aussi un excellent cuisinier mais n'avait qu'une seule recette : la soupe à l'oignon. Il venait à la maison une fois par an la faire et du haut de mes 4 ou 5 ans, j'essayais de découvrir ce secret que mes parents et ma tante zaza avaient l'air de vénérer. J'avais bien remarqué qu'il priseait le tabac et qu'été comme hiver, il avait la goutte au nez. Cette goutte s'accrochait comme un funembule au bout de son nez et après un interminable suspense, dévissait pour tomber... dans la soupe. De toute façon, on me diseait que j'étais trop petit pour en manger. Je me suis toujours demandé ce que cette goutte avait de magique car sitôt le grand père parti, c'était la course à la porcelaine!
          Les autres arrières grands parents maternels étaient les Phénix, tailleurs rue Barbecanne en face du guicherot, le "lavoir" pour les étrangers. Pour la petite histoire, ils étaient tous deux curieux comme des pies. Dès que quelque chose bruissait dans la rue, mon arrière grand père se ruait à la fenêtre pour savoir. Mon arrière grand mère essayait bien d'approcher aussi mais il l'invitait à rester assise, prétextant son besoin de repos. Il lui disait cette phrase imparable: "vu qu'j'ai vu, t'as pas b'soin d'voir!".
            Leur fils Robert, mon grand père, passeait le brevet de Pilote de chasse en 1931, sans présager des futurs combats pour lesquels il donnera sa vie, mort ua combat sur Dewoitine 520 en 1940.
          Sinon à Aubeterre, mon cousin Delage, je parle de Joseph, était boulanger et tous les matins, je montais la rue Barbecane guidé par l'odeur du pain frais et passais par "en bas", c'est à dire le fournil. Il fallait grimper deux niveaux pour accéder au graal, le riz au lait de ma cousine qu'elle me tenait tiède au coin de l'immense cuisinière à bois. Une fois ma glycémie remontée et le riz au lait descendu, je regagnais mes pénates jusqu'au lendemain.
          Dans ces années 60, 70, 80, on est aux prémices de la diététique mais au lieu de manger allégé, on travaille lourd. C'est après qu'on deviendra faignant. Mes grands parents mettaient un point d'honneur à ce que je sorte de table benaise comme on dirait chez nous, avec les joues rouges et le sourire facile. Etant convaincus des bien-fondés de leur alimentation traditionnelle, de temps en temps pointait une interrogation suivie de la réplique qui dissipait le doute:
" ô peut point faire de mal, ô l'est fait qu'avec des bonnes choses!"
          Aujourd'hui, Aubeterre a changé, pas les pierres mais les gens. Les accents anglais, autrefois estivaux sont permanents, ils ont pris la place des sonorités uniques de notre pâtois rare, aux conversations sans fin de Madame LAFRAIS et Madame COULOMB, en train de laver leur linge au guicherot, en quichenote. Même la Place Trarieux a changé de sens de rotation.
           Mais c'est beau, c'est préservé et finalement, c'est le plus important. Aux alentours en revanche, on a su tout garder, les familles, les noms, les activités, mon chêne, sont toujours là 40 ans après.
          La Dronne a gardé sa superbe et même si cette "saloperie de silure" s'implante, on fait toujours de belles fritures de gardons, on se fait casser par quelques carpes et on laisse quelques cuillères sur des brochets en bois.
          Y'a pas à dire, Alba terra, la terre est belle.